Pourquoi interagir entre médecins ?
Les sources de connaissances pour les soignants sont multiples et faciles d'accès. Néanmoins, quand les médecins ont besoin d’une information importante, de discuter d'une situation clinique, d'un cas complexe, ils ont principalement recours à leurs collègues directement ou indirectement [1], et ce malgré les outils sophistiqués pouvant être mis à leur disposition. Ainsi, dans le contexte de la pratique médicale, la résolution de problèmes et l'acquisition de nouvelles connaissances se fait avant tout par les relations sociales et l’interaction entre pairs, illustrant le concept de communauté de pratique, théorisé en 1991 par Jean Lave et Etienne Wenger [2].
Dans une communauté de pratique, les membres posent des questions à leurs collègues et se soutiennent mutuellement. La notion de partage, d’interactions régulières, de transfert et d'archivage des connaissances, est mise en valeur dans le processus de création d'une expertise explicite et collective. Pour communiquer à distance, la communauté peut utiliser différentes technologies tels que les forums, et autres applications sociales.
En médecine, il est coutumier de résoudre un cas de patients difficile en communiquant de façon individuelle avec des confères. Ce mécanisme est d’autant plus important que le praticien est isolé, et apporte une solution partielle à la complexité médicale, si le médecin a su établir les bons contacts au préalable. Une communication synchrone a plus tendance à déranger une journée de travail chargée ; elle est mieux acceptée si elle est asynchrone. La communication de groupe en médecine est asynchrone, nécessite l’accès aux membres d’une liste d’abonnés (via e-mail ou forums) mais aussi la participation à des réseaux collectifs d’échanges (téléconférences, webinars, forums, mailing-list) centrés autour des discussions et résolutions de cas de patients ou de situations difficiles.
Comment interagir entre médecins ?
L’interaction entre pairs se fait en présentiel lors de réunions scientifiques ou de congrès, mais également à distance. Bien entendu, internet a profondément transformé nos modes de communication et nos comportements. Ce sont les sciences de l’information et de la communication, à cheval sur plusieurs disciplines comme la psychologie sociale, qui se chargent d'analyser ces mutations, à travers des concepts comme les canaux, technologies et réseaux de communication.
Bien sûr, tous les médecins ont désormais accès à internet depuis leur cabinet et les téléphones portables sont monnaie courante depuis une quizaine d'années, ce qui fait qu'il est devenu relativement simple et naturel de communiquer de façon interpersonnelle. Les choses se corsent lorsqu’il s’agit de communiquer avec un groupe, même de quelques dizaines de membres, par exemple pour des congrès, des réunions scientifiques, ou tout simplement pour des échanges d'informations diverses.
Une liste de diffusion ou mailing-list permet à un utilisateur d'envoyer un message à plusieurs destinataires par email. A noter qu'initialement ces échanges avaient lieu par voie postale. Une liste de diffusion est constituée de membres, d’un logiciel gestionnaire et d’un administrateur. Un logiciel gestionnaire de listes est chargé de la diffusion du courrier électronique à l'ensemble des abonnés. Il doit également gérer les retours et échecs de livraison (bounce) liés à des adresses ne répondant pas car incorrectes ou par manque d’espace. Un administrateur de listes doit gérer les listes d’inscription, les maintenir en bon état de fonctionnement, et selon les besoins les configurer et répondre aux demandes d'authentification (pare-feu de type portail). Il peut modérer ou pas les messages échangés avant transmission. Les abonnés doivent pouvoir se désabonner aisément. Souvent ils peuvent répondre aux messages, on parle alors de listes ou forums de discussion. Tout cela pour dire que le maintien de ces listes a un coût et donc les structures qui les portent doivent avoir un modèle économique permettant leur pérennité.
Les forums de discussion en ligne permettent aux praticiens de partager leurs connaissances pratiques à des moments adaptés à leur flux de travail quotidien. Des expériences dans des urgences pédiatriques au Canada ont clairement démontré leurs avantages [3] : dialoguer autour de sujets pertinents pour leurs besoins d'apprentissage. Ceux-ci ont l’avantage, comparés aux web forums de permettre des échanges sans se connecter au site internet du forum. Ils ont tous les deux le net désavantage de mélanger pèle mêle tous les fils de discussion. Au passage, l’expérience canadienne (i) valide le concept d’intelligence collective et son utilité en médecine ; (ii) confirme que seul un petit noyau de participants génère la majorité des questions (souvent de praticiens isolés) et réponses (souvent de praticiens de grands centres), (iii) observe que le partage précoce d’histoires et d’anecdotes personnelles contribuent au lien initial et au développement de la confiance nécessaires à l'établissement d'une communauté de pratique, (iv) retrouve encore et toujours que l’obstacle le plus souvent cité pour la participation est le manque de temps [4].
En France, le site Docadoc par exemple est une plateforme de discussions médicales, d'annonces et de partage de documents pour les professionnels de santé. Les forums sont organisés par thématiques multidisciplinaires et par spécialités. Les discussions sont modérées avant publication. Des options de réception permettent a priori de ne pas être inondé de mails. Chacun peut semble-t-il créer un nouveau groupe afin de discuter et partager des documents. Il comportait aux alentours de 4100 médecins en avril 2020. Les forums web tels que Facebook, Yahoo, Doctissimo ou Atoute sont quant à eux dédiés au grand public et traitent des questions de santé.
En fait, autant une liste de diffusion ne pose pas de problème si c'est un moyen pour une structure académique ou syndicale de communiquer avec ses membres (voie descendante) ; par contre utiliser le même système en liste de discussion (voie ascendante) est plus délicat et disons-le lassant. Sur les forums cités, tous les cas cliniques et questions particulières discutées se mélangent selon un rythme chaotique, ne permettant pas vraiment de suivre, les e-mails arrivent de façon incontrôlée tout le long de la journée et perturbent l’organisation du travail. C'est ce que corrige la solution AdviceMedica.
AdviceMedica fournit à des médecins réunis en réseaux de spécialités / surspécialités une solution de communication de groupe dans le but de s'entre aider dans la gestion de cas patients difficiles et par là même s’informer et progresser dans son art. AdviceMedica est de la télé-expertise communautaire faisant appel à la mémoire collective, agrégeant les connaissances et expériences de plusieurs médecins. Les utilisateurs d’AdviceMedica reçoivent tous les matins un seul email, sous forme d’une newsletter correspondant aux réseaux médicaux d’intérêt qu’ils ont pré-choisis. Ils répondent simplement par retour d’e-mail s’ils ont un avis sur un cas. Il n’y a pas de modération de la discussion (mais une simple vérification des conditions de la charte avant envoi) ni d’arbitrage des solutions proposées. AdviceMedica n’est pas soumis à l’opinion d’un gourou, chacun peut s’exprimer. Se faisant, AdviceMedica apporte une réponse collaborative, adaptée, utile et innovante.
- Dawes M, Sampson U. Knowledge management in clinical practice: a systematic review of information seeking behavior in physicians. Int J Med Inform 2003; 7: 9-15.
- Wenger E. Communities of Practice: Learning, Meaning and Identity. New York: Cambridge University Press, 1998. (pdf)
- Curran JA, Abidi SS. Evaluation of an online discussion forum for emergency practitioners. Health Informatics J. 2007; 13: 255-66.
- Curran JA, Murphy AL, Abidi SS, Sinclair D, McGrath PJ. Bridging the gap: knowledge seeking and sharing in a virtual community of emergency practice. Eval Health Prof. 2009; 32: 312-25.